Suite aux derniers événements tragiques qui ont secoué la France, et l’annonce d’un reconfinement, l’école Saint-Hugues affronte une rentrée compliquée. Interview de la directrice et du corps enseignant d’une école privée d’enseignement catholique, à Allevard (Isère).

Entrée principale de l’école Saint-Hugues. Image: Hamza Chennaf

Jeudi 5 novembre, l’école primaire Saint-Hugues à Allevard témoigne d’une rentrée particulière, à trois jours de la reprise après les vacances de la Toussaint. Cet OGEC (Organisme de Gestion de l’Enseignement Catholique), comme tous les établissements scolaires, a dû faire face aux questionnements des élèves suite à l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. À tout cela s’ajoute l’obligation, annoncée par le Premier ministre Jean Castex à l’Assemblée nationale, du port du masque dès l’âge de 6 ans en primaire.

La directrice de l’établissement, Brigitte Deleuze, a bien voulu ouvrir ses portes à la rédaction de l’Agence des Quartiers. Un comité composé de Mathilde Cécillon (enseignante en classe de CM1-CM2), Camille Blanchemain (enseignante en classe de CP-CE1), Anne Dalession (accompagnante d’élèves en situation de handicap) et de Madame la Directrice, qui a bien voulu témoigner de cette rentrée marquée par le deuil et par les nouvelles annonces liées au reconfinement.

Brigitte Deleuze, directrice de l’établissement (à gauche) et Mathilde Cécillon enseignante en classe de CM1-CM2 (à droite). Image : Hamza Chennaf

Agence des Quartiers : Le Premier ministre Jean Castex a annoncé que, dès la rentrée de novembre, les élèves devront porter obligatoirement un masque en classe dès l’âge de six ans. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Brigitte Deleuze (directrice) : Avec un peu d’incompréhension, car on nous dit depuis six mois que les enfants ne sont pas contagieux et qu’ils ne transmettent pas le virus aux autres. Pour ma part, je ne comprends pas pourquoi on leur demande de porter un masque.

Camille Blanchemain (enseignante en classe de CP-CE1) : Je partage l’avis de Brigitte. Surtout que l’impact est énorme du point de vue du confort des élèves. On ne peut pas lire leurs expressions faciales ni leurs émotions à travers le masque. Eux non plus ne peuvent pas lire les nôtres. C’est d’autant plus difficile en classe de CP, lorsqu’il s’agit de l’enseignement de la lecture et de la prononciation de certains sons. Ils ne faut pas oublier aussi que les enfants ont de petites voix …

Mathilde Cécillon (enseignante en classe de CM1-CM2) : Ayant des élèves pré-collégiens, je ressens la même chose mais de manière plus modérée. Dans l’ensemble, ils acceptent assez bien le port du masque. Ils participent toujours autant et en font vite abstraction. En revanche, pour ce qui est du travail en groupe, cela prend un volume sonore beaucoup plus important.

Les enfants ont pu témoigner à propos des personnes de leurs entourage qui sont tombées malades, ou qui sont décédées. Ils se rendent compte que le virus touche de plus en plus de monde et que maintenant, il est bien là, à Allevard.

A.D.Q. : Comment ont réagi les parents d’élèves face à cette annonce ?

Mathilde Cécillon : Pour ma classe, il n’y a pas eu de soucis, les parents ont accepté et n’ont pas remis en question la chose. Ils viennent avec leurs deux masques quotidiens et ont su détacher l’équipe enseignante des choix ministériels.

Camille Blanchemain : Comme pour Mathilde, les parents ont accepté cette nouvelle règle. Il y a juste une famille qui était inquiète du port du masque durant le sport. Nous avons dû réadapter certaines activités sportives pour que les élèves ne s’essoufflent pas trop.

A.D.Q. : Et pour les parents d’élèves en situation de handicap ?

Anne Dalession (accompagnante d’élèves en situation de handicap) : Il n’y a pas eu de remarques particulières. Les élèves dont je m’occupe ont des handicaps qui ne sont pas notés comme contre-indiqués avec le port du masque. Mais il est possible, si nécessaire, d’obtenir des dérogations de la part des médecins.

La cour de l’école Saint-Hugues. Crédit : Hamza Chennaf

A.D.Q : Est-ce difficile de s’astreindre à cette nouvelle règle pour les plus jeunes ?

Camille Blanchemain : La plupart jouent bien le jeu, ils sont très respectueux des règles. Pour certains élèves, il faut quand même répéter plusieurs fois par jour de remettre le masque ou de bien le porter au-dessus du nez, mais ça concerne surtout les élèves qui ont des lunettes : avec la buée, c’est plus gênant pour eux.

Mathilde Cécillon : le problème est qu’ils doivent le porter constamment, dès l’entrée du portail et également durant la récréation. Mais ça ne les empêche pas de bien s’amuser.

A.D.Q : Ont-ils des masques spéciaux et adaptés à leurs âges ?

Brigitte Deleuze : Pas tous. Certaines familles ont des masques adaptés en tissu. Pour les autres, les parents ont réduit la taille de l’élastique des masques chirurgicaux.

A.D.Q : Les élèves vous font-ils part de leurs inquiétudes ? Si oui, comment ?

Camille Blanchemain : J’ai été très surprise à la rentrée de lundi matin. On a commencé la matinée par raconter nos vacances et rapidement ont s’est mis à parler du virus. Les enfants ont pu témoigner à propos des personnes de leurs entourage qui sont tombées malades, ou qui sont décédées. Ils se rendent compte que le virus touche de plus en plus de monde et que maintenant, il est bien là, à Allevard. Ils en ont discuté pendant plus d’une demi-heure, il y avait une réelle angoisse et ça leur a fait du bien de pouvoir en parler.

A.D.Q : Cette rentrée est aussi particulière, car elle a permis de rendre, par une minute de silence, un hommage à Samuel Paty, l’enseignant assassiné près du collège du Bois d’Aulne à Conflans-Saint-Honorine. Quelles consignes vous ont été transmises par le ministère de l’Éducation Nationale concernant cet hommage ?

A.D.Q : Les élèves ont-ils pu échanger avec leurs enseignants sur ce qui est arrivé à Samuel Paty ?

A.D.Q : Comment expliquer cet événement à de jeunes enfants ?

A.D.Q : Quels messages voudriez-vous transmettre à vos élèves ainsi qu’à ceux de toute la France ?

Hamza Chennaf

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